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Selon
la légende, un homme du nom de Mari
vint un jour dans le nord-ouest de l'actuel Cantal. Il ne s'était
pas trompé de chemin, il venait "porter la bonne parole".
Autrement dit, il vient évangéliser la région.
Et comme on estimera plus tard qu'il a fait du bon travail, il est
sanctifié. Ainsi St Mary. Et comme ce devait être un
grand homme, on a donné son nom à une montagne (c'est
déjà plus rare): le Puy Mary. En 250 ou 300, le premier
évêque de Clermont-Ferrand (pardon, Augusonemetum
à l'époque) est nommé: c'est Stremonius
qui sera connu plus tard comme St Austremoine.
Toutefois,
il ne vient pas prêcher dans le désert. La structure
religieuse, politique et économique qu'est un évêché
répond à des besoins locaux. Il y a donc déjà
des convertis à cette époque.
L'église
(institution) x - x
Le prêtre x
- x L'église
(le bâtiment) x - x
Les croix x
- x Le
cimetière
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L'EGLISE: L'INSTITUTION |
En 507,
Clovis rend visite à la région: une bataille et les
Wisigoths sont invités
à aller voir s'il se trouve au sud ... Par soucis politique
ou autre, Théodechilde (en parenté avec Clovis, le lien
étant indéfini) fonde un monastère dans un lieu
qui s'appelera Mauriac. Ce n'est pas son coup d'essai: on lui doit
l'abbaye de Sens.
Entre
630 et 700, Till (ou Tillo), qui
arrive de Solignac (près de Limoges), s'installe dans la vallée
de l'Auze. Cet ermite fait
vite des émules, et des disciples viennent l'entourer. De son
avis ou de celui de l'évêque de l'époque, Bonnet,
on décide de bâtir un monastère non-loin mais
sur le plateau: il deviendra Brageac.
Au VIIIè siècle, un monastère est fondé
à quelques kilomètres et s'appelera Pleaux.
On le
voit: il y a fort à faire dans la région. Ces différentes
implantations vont marquer durablement la région, comme pour
une bonne part de l'Europe. Economie, politique, travaux, vie quotidienne
aussi, ne l'oublions pas.
A la
fin du IX et au début du Xè siècle, le clergé
gèrera en partie le pays, le pouvoir royal étant "absent",
et les familles nobles moins influentes que dans les siècles
à venir.
En
999, Gerbert d'Aurillac
(il avait effectué le début de sa formation à
Aurillac) est élu Pape sous le nom de Sylvestre II. L'histoire
lui laisse de grandes qualités: bon mathématicien,
il est considéré comme l'homme le plus savant
de son temps (de l'empire chrétien, cela va de soi à
cette époque). Politiquement, il brille.
Précepteur
du futur roi de France Robert le Pieu et du futur Empereur Otton
III, il est nommé archevêque de Reims en 991 par
Hugues Capet, dont il avait favorisé l'avènement.
Il
se consacra à l'union politique de la papauté
et de l'empire, et à la lutte contre les Musulmans. Il
lança alors un appel pour la libération de Jérusalem,
qui sera suivi un peu moins dee cent ans plus tard par l'un
des ses successeurs, Urbain II.
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Au
mois de novembre 1095, lors du Concile de Clermont-Ferrand, Urbain
II, pape de son état, accède à
la demande de l'empereur byzantin Alexis Commène. Ce dernier,
en difficulté militaire face aux Turcs Seldjoukides, demandait
une assistance armée pour protéger ses frontières.
Urbain
II lui apporte bien plus en prônant la croisade.
En effet, une spiritualité du pélerinage s'était
développée en Occident et conférait à
la prise d'armes, un contenu religieux.
Perçue
comme une guerre sainte par la société, on y répondit
avec grand enthousiasme. Pour la suite, à vos livres d'histoire
!
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Le
prêtre est souvent quelqu'un du cru.
Il parle le même langage
et connaît ses ouailles.
Il peut être fils d'artisan, de paysan aisé, mais jamais serf
car interdit. Chargé des baptêmes, mariages et sépultures et
de les consigner (raison pour laquelle vous avez retrouvé
vos ancêtres), il bredouille un latin incertain ou le
maîtrise parfaitement.
Mais
ce qui en fait le personnage le plus important, c'est sa participation
à la communauté que forme l'ensemble des habitants
de la paroisse, le fait d'être "l'élément
central" de cette communauté.
Il
les rencontre aux baptèmes, mariages et décès.
Mais le plus souvent aux messes.
C'est
au cours de ces réunions que l'on fait les annonces concernant
la paroisse. Se tenir au courant, c'est s'y rendre régulièrement,
ou y envoyer quelqu'un de sa connaissance.
On
peut donc se confier à lui. Lui demander conseil. Il
connait ses ouailles, leurs problèmes et, peut-être,
une solution à apporter. Mais c'est également
le personnage qui, par ses écrits, permet aux généaogistes
et historiens locaux de connaitre les gens qui nous ont précédé.
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L'EGLISE: LE BATIMENT |
Les premiers
bâtiments religieux se sont certainement situés dans
les temples païens (au sens de "la croyance d'avant").
Autant se servir de ce qui existe: cette religion qui arrive n'a certainement
pas encore les moyens d'élever de nouveaux centres religieux.
Et la structure politique est encore incertaine.
La construction
des églises répond, la plupart du temps, à un besoin des habitants
et a été décidée par le seigneur le plus souvent. Le village est antérieur.
Elle
est la maison commune qui sert de refuge depuis le concile de Charroux
de 989 en en interdisant leur invasion (interdiction souvent répétée,
rarement tenue : pour preuve le massacre d'Oradour sur Glane en 1944
par les nazis). Comme c'est le seul bâtiment en dur, il sert, le cas
échéant, de grenier, notament pendant la Révolution.

Concernant
l'architecture religieuse, deux types de clochers dominent dans le
secteur : Le clocher en peigne, le plus ancien (XIè siècle),
porte de trois à cinq cloches et le clocher carré du XIXème siècle.
Le clocher
à peigne, qui est un mur au sommet plus ou moins
arrondi, a l'avantage d'être facile à construire, stable donc bon
marché, ce qui convient tout à fait à une petite paroisse. Le clocher
carré correspond à la reconstruction religieuse ayant suivi
la Révolution. Pourquoi carré ? Ce serait une préférence formulée
par Monseigneur de Marguerye.
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L'église
d'Escorailles est, avec Drignac, la seule du canton à avoir
gardé son clocher en peigne. Etonnant ? Pas vraiment si l'on
sait que la famille la plus importante et influente, la famille de
Scorailles, y était établie. Peut-être les villageois
ont eu un rôle protecteur, à moins que la sécurité
n'y fut plus grande à la Révolution.
Comme
la région n'est pas très riche, mais que l'on souhaite
quelque chose de joli, on décore, on peint:
Concernant
le bâtiment en lui-même, elles ont toutes été
en partie au moins rebâties, suite à des dommages, à
des ajouts, à des modifications. Leur partie romane initiale
est donc plus ou moins importante.

Les croix
sont assez fréquentes dans le secteur. En pierre, elle peuvent
être simples, tronquées, ... Petit tableau récapitulatif
:
Date
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Emplacement
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Description
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XIIè
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Croisillon
discoïdal échancré et monté sur un fût
pyramidal et orné d'un Christ de tradition romane.
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XIIè
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Croix
de la croisade du XIIè, significative de l'implantation
templière dans la région. Croix robuste, en granite,
se composant d'une croix maltée, montée sur une
pierre pyramidale.
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XIIè
à XIVè
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Croix
du Puy Vidal, croix d'Ostenac, croix du cimetière, ...
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XIIIè
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Croix
pattée en lave, montée sur un fût pyramidal
aux arrêtes biseautées.
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XIIIè
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Croix
du cimetière, en basalte, discoïdale échancrée,
montée sur un haut fût quadrangulaire et ornée
d'un Christ de tradition romane.
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1632
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Croix
en lave, losangique.
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XVIIè
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Croix
du carrefour, dite de St Babet, en lave, croix pattée à
fût cylindrique et socle massif, muni d'un bénitier.
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?
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Croix
de bois couverte par un toit pyramidal de lauze soutenu par 4
colonnes.
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Le XIIè
est important de par les construction religieuses de style roman,
nombreuses dans le secteur. Les artistes tailleurs de pierre, venus
pour la construction des églises, sont mis à contribution
pour la conception des croix: le style des fûts est identique
du XXIè au XIVè (pyramidal aux arrêtes biseautées)
sauf dans un cas (quadrangulaire). Il en résulte une certaine
uniformité. Le XVIIè est plus varié.
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Placée
sur le toit, elle protégeait la maison et ses occupants contre
la foudre et le malheur. Sur une grange, on assurait les bêtes.
Qu'en était-il lorsqu'elles se rencontraient à la
croisée des chemins, près d'un édifice religieux,
... ? Conjuraient-elles le mauvais sort, marquaient-elles un événement
? Une chose est sûre: elles se rencontrent partout, et faisaient
donc partie, à ce titre, de la vie quotidienne des gens. |
Le cimetière
est bâti à côté de l'église et se trouve au centre du village. La
mort étant le "lot quotidien", on la connait. L'église
et le cimetière sont au centre de la vie. On s'y rencontre
et les marchés y ont lieu dans certains cas. On fait participer
les morts que l'on a vu trop peu de temps.
Ce n'est
que bien plus tard, au XIXème siècle, qu'il sera déplacé pour s'éloigner
des vivants. Désormais, il se trouve placé en bordure
du village et des prés. Les conditions de vie étant
plus sûres, l'espérance de vie s'est allongée.
Il faut conjurer cette mort en éloignant ceux qui la rappelle.

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