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Le
cuivre se retrouve surtout
dans les roches basaltiques et
les argiles, où il
peut se concentrer jusqu'à 70 grammes par tonne. Les sels
de cuivre (sulfate de cuivre CuSO4), solubles, vont: |
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soit migrer dans les eaux de ruissellement et réagir avec
des sulfures pour donner des dépôts de cuivre natif, de covellite
ou de chalcocite (donnant une sorte d'équivalent de
pépites par exemple)
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soit imprégner les roches sédimentaires.
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Il semblerait
que ce soit le cuivre à l'état
natif qui ait, le premier,
été utilisé:
en effet, sa température de fusion (transition état
solide-état liquide) étant de 1083°C, il fallait
déjà maîtriser suffisamment les fours pour atteindre
de telles températures. Il est possible que ce métal
brillant ait attiré l'oeil (comme il le fait toujours maintenant)
pour les décoration. Etant ductile,
il était facilement travaillable. Ce serait au Moyen Orient
qu'aurait débuté son utilisation.
Je restreindrai
à l'Europe les dates nous intéressant. Bien que cela
puisse paraître fastidieux, nous pourrons constater que des
relations entre les migrations et le cuivre étaient déjà
établies avant la période historique. Mais
reprenons les dates:
Epoque
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Espace
géographique
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Europe
occidentale
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Europe
centrale
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Europe
orientale
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vers
- 5 000 av J.C. |
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les premiers objets de cuivre
et d'or sont façonnés dans les Balkans,
alors que des objets de cuivre (probablement natif) ont été
découverts en Iran, datant du IXè millénaire
av J.C. |
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vers
- 4 500 av. J.C. |
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développement des techniques du cuivre
fondu et moulé. La maîtrise du feu est suffisante pour
porter et maintenir le métal à une température de 1083°C et fondre
un alliage d'étain et de cuivre (le Bronze).
Cette nouvelle invention se
produit en Iran, dans le sud de l’Espagne
et en Bulgarie, c'est l'âge du bronze. |
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vers
- 4 200 av.
J.C. |
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à Aibounour et Roudna Glava, exploitation
des premières mines de cuivre connues au monde. |
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vers
-2500 av. J.C. |
Civilisation
des Vases campaniformes (dagues de cuivre. retrouvées
dans de nombreuses sépultures individuelles) |
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Transmission
des techniques de la métallurgie bronze et du cuivre dans la partie
occidentale de l’Afrique du Nord durant le IIe millénaire
av. J.-C. par les peuples européens. |
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-2000
à -1200 av. J.C. |
Civilisation
d'El Argar en Espagne, l’un des premiers sites
du Bronze Ancien où métallurgie de l’or, de l’argent et du cuivre,
supplanté progressivement par le bronze. Contacts
attestés avec la Méditerranée orientale (Egée et Égypte) et la
côte Atlantique. |
Civilisation
d’Unétice en Bohême (-2000 à -1500 av. J.C.),
principal centre des débuts du Bronze Ancien en Europe. Premières
productions originales du monde barbare (haches à rebords,
poignards triangulaires, épingles, torques) largement
diffusées en Europe occidentale. Cette civilisation
contrôle les gisements de cuivre (Alpes et Balkans) et d’étain
(Bohême) ainsi que les voies commerciales de l’ambre de la mer
Baltique. Contacts avec la Méditerranée attestés (Mycènes,
Égypte, Chypre). |
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XIXè
s. av. J.C. |
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La civilisation d’Unétice
rayonne de la Bohême vers la Saxe, la
Bavière et la Méditerranée occidentale. La civilisation
du Rhône (en Suisse et dans le couloir rhodanien) doit sa prospérité
au commerce entre la Méditerranée et
l’Allemagne du sud (échange d’objets en bronze contre
des coquillages). Les rhodaniens créent un centre de métallurgie
original, assimilant et développant les techniques d’Unétice. |
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À
partir de -1700 av J.C. |
différenciation
des civilisations à partir des territoires montagneux : Transylvanie,
Slovenské rudohorie en Slovaquie, zone alpine du schiste (Salzbourg,
Tyrol), Allemagne centrale, Espagne, Angleterre et Irlande. Civilisations
étendues avec des sociétés très hiérarchisées (agriculture,
élevage, artisanat, commerce et industrie). L'ambre du Jutland
joue un rôle de quasi-monnaie entre ces civilisations. Des voies
commerciales conduisent du Danube à la Saale, au Main et à l'Elbe
vers le Jutland. Le sens de l'expansion va du sud au nord, le
commerce suit. Relations commerciales fort étendues. |
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XVIè
s. av. J.C. |
rencontre
entre des peuples indo-européens
ayant atteint le Rhin et d’autres venus
de la péninsule ibérique. |
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XVè
s. av. J.C. |
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Culture des Terramares
(péninsule italienne) connaissant un grand rayonnement
grâce au commerce du bronze avec le sud.
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XIIè
s. av.J.C. |
Début
d'un mouvement général vers l'Ouest d'influences culturelles venues
d'Allemagne du Sud, d'Autriche et de Bohème, foyers du monde celtique.
Civilisation des "champs d'urnes"
en Europe occidentale (-1200 à -725) s’étendant
progressivement jusqu’en Espagne.
Développement des oppida. Augmentation
de l’extraction des métaux, multiplication des objets en bronze.
Apparition de traces d'extraction
et de commerce
du sel sur le littoral atlantique et adriatique. |
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XIè
s. av.J.C. |
Selon Diodore de Sicile, les phéniciens
fondent Gades (Cadix) dans le royaume de Tartessos,
en Espagne. |
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Xè
s. av.J.C. |
Les Pictes ou Pictons sont
les premiers Celtes, venus de Suisse,
à avancer en Gaule jusqu’en Espagne et aux îles Britanniques. |
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IXè-VIIIè
s. av. J.C. |
Age
du fer en Espagne. Implantation des Phéniciens à Malaga et à Sexi
(Almunecar). Raréfaction des réseaux
commerciaux pour des raisons inconnues. Les productions
s’en ressentent : déclin de l’orfèvrerie, récupération
des objets de bronze par les métallurgistes qui les enfouissent
dans des cachettes. Crise économique ou crise de société. Âge
du fer, en Europe (dit Age de Hallstatt). Naissance de l'industrie
par l'apparition des fonderies et des mines de sel. |
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VIIIè
s. av.J.C. |
les Phéniciens, puis les Grecs, franchissent
le détroit de Gibraltar pour le commerce
de l’alun, de l’étain et du fer avec
les Iles Britanniques. |
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VIIè
s. av.J.C. |
installation des Carthaginois
à Malatya, à Baria (Villaricos) en
Espagne et aux Baléares (Mago). |
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VIè
s. av.J.C. |
contacts commerciaux entre les Celtes au nord-ouest des Alpes
et les colonies grecques de Méditerranée occidentale. Apogée des
trafics commerciaux étrusques vers la Corse, la Sardaigne, la
Sicile, Carthage, la Provence, le Languedoc (Lattes) et la Grèce.
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IIIè
s. av.J.C. |
Essor d’un vaste commerce international
et avènement dans le monde Hellénistique. Amélioration
des techniques de navigation. Les royaumes hellénistiques se dotent
de grands ports marchands, entretiennent et construisent des routes
et des canaux. Généralisation de la monnaie, même
chez les Arabes, Parthes, Thraces, Celtes, Ibères, Romains. |
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L’île
de Chypre a été envahies par les Egyptiens, les Assyriens,
les Phéniciens, les Grecs, les Perses et les Romains. Elle était
d'une grande importance économique de par les grandes
quantités de cuivre qu'elle renfermait, métal
qui est d'ailleurs à l'origine de son nom. Comme cela l'a été
montré dans le tableau, ce n'était pas le seul centre
producteur de cuivre et de bronze. Deux autres
centres importants se trouvaient sur le continent europpéen
(Tartessos, en Andalousie, et
Unétice en Bohême).

Tartessos
était une civilisation que l'on ne connaissait que par les
grecs, avant que des fouilles archéologiques ne retrouvent
des objets en cuivre très ouvragés dans le sud-ouest
de l'Andalousie, où les grecs la localisaient.
Le peuple
de Tartessos serait le descendant du peuple qui aurait érigé
les mégalithes, et se serait implanté dans une région
entre Huelva, Sevilla et San Fernando, centrée
sur le Guadalquivir. Ils auraient connu l'influence culturelle
des phéniciens (établis à Gadir, qui deviendra
Cadix) et des égyptiens (par l'intermédiaire des phéniciens)
avec lesquels avaient vraissemblablement lieu des échanges
commerciaux. Ils
produisaient du bronze (dont
ils étaient les principaux producteurs de la Méditerranée)
et de l'argent. L'étain, nécessaire à la fabrication
du bronze, provenait des îles Cariténides (îles
Sorlinges actuellement, situées au Royaume-Uni) par voie maritime.
Cette
région d'Andalousie a présenté et présente
encore d'autres mines de cuivre: à Aznalcollar (près
de Sevilla) et le Rio Tinto, qui est aujourd'hui l'une des rivières
les plus polluée d'Espagne (l'acidité y est telle que
le pH n'est que de 2, et l'eau rouge).
Toujours
pour la péninsule ibérique, d'autres mines ont été
exploitées à Las Médulas (en Leon, juste au nord
de l'actuelle frontière avec le Portugal), à Las Cavenes
de El Cabaco (près de Salamanca) et à Mazarron (Murcia)
notament.
Comme
le veulent les règles du commerce,
c'est par les échanges que les pays prospèrent, et par
les déplacements humains que les richesses se déplacent.
Ainsi,
le mouvement migratoire, auquel
nos cantalous ont été si attachés, est peut-être
à replacer dans un cadre plus ancien et plus général,
ayant dépassé le cadre historique pour s'implanter dans
l'histoire humaine, fut-elle non écrite.
Durfort
est une petite localité française dont
la renommée tient au travail
du cuivre. Située en bordure
de rivière, des martinets permettent de marteler le cuivre
qui a été fondu à l'aide
du charbon extrait des mines à proximité.
En France, l'utilisation du charbon dans la métallurgie est
attestée depuis le XIIIè s. alors que les chinois l'utilisaient
depuis envion 1000 av. J.C., et les forgerons depuis le IVè
s.av. J.C. L'utilisation de ceminerai venait compenser la pénurie
de bois, qui avait été massivement utilisé pour
les constructions (notament religieuses) aux XIIè et XIII è
s. lors de l'augmentation démographique. Les industries se
concentrent alors à proximité des gisements issus de
l'ère du Carbonifère.
En 1556,
Agricola rédige De re metallica qui récapitule
toutes les connaissances minières de l'époque. En 1601,
Henri IV crée la "Grande Maîtrise des mines et minières
de France" qui sera seule habilitée à accorder
une autorisation pour l'ouverture de mines dans le royaume de France.

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