Comme vous
devez le savoir, l'Espagne a constitué
un phare qui a attiré, pendant de nombreux siècles,
nos cantalous. Leur présence
y est attestée dès Charles VII, roi de France (contexte
du début du XVè s. et de la Guerre
de Cent Ans). Mais que pouvait-il en avoir été
avant ?
Les auvergnats
étaient, bien souvent, chaudronniers, un métier consistant
à travailler le cuivre. Et
l'une des raisons évoquées pour ces migrations était
la pression fiscale associée à la mauvaise saison (pas
de gains en hiver) et à la forte démographie. Voici un
très court résumé
dans lequel je récapitule les raisons
pour lesquelles l'Espagne a pu se montrer si attirante pour nos cantalous,
et si proche. Différents petits sujets:
Mines
de cuivre x -x
Occupation romaine x
- x les
Wisigoths x - x
les Arabes x
- x l'Aquitaine
x - x le
Comté de Rodez x - x
le Comté de Toulouse
x - x le
Comté de Barcelone x - x
la religion x
- x les
Habsbourgs
Petit rappel
historique:
-
les mines de cuivre en Espagne, où du cuivre natif
était extrait comme le montre la civilisation de Tartessos. Mais
un mouvement migratoire (et probablement
des contacts commerciaux) était établi entre
la péninsule ibérique et d'autres peuples passant
par le territoire "français". Cela peut laisser à
penser que les habitants du Massif central auraient pu, également,
participer à ces trajets vers l'Andalousie.
L'occupation
romaine qui "unit" et permit à l'Europe
de l'ouest de pouvoir utiliser une langue commune: le latin. Bien que
de nombreux apports culturels aient été faits, les dialectes
locaux ont conservés suffisament de points communs entre patois
cantalou et "espagnol". A la culture latine ont dû s'ajouter
les échanges commerciaux: entre Rome et les provinces de manière
certaine. Mais peut-être aussi entre provinces. Les voies devaient
toutefois favoriser les échanges.Globalement la Gaule est exportatrice
et envoie dans le monde romain ses chevaux.

Les
wisigoths qui "unifièrent" (militairement
tout au moins) pour quelques temps le quart sud-ouest de la "France"
actuelle avec l'"Espagne". Leur repli vers la péninsule
semble s'être effectué avec un grand nombre de personnes.
Et la stabilité d'un royaume qu'ils établirent dans la
péninsule (avec Toledo pour capitale) pendant quelques siècles
pour le développement économique et culturel.
Les
arabes envahissant la péninsule, développant
l'irrigation agricole, les universités qui seront fréquentées
par de nombreux chrétiens. La stabilité avec les "autochtones"
semblant être recherchée (développement de la culture
andalouse), le commerce a du être favorisé. Les universités
andalouses à Cordoue, Séville et Grenade sont le lieu de rencontre d'étudiants,
de savants et hommes de lettres venus d'Orient et d'Occident. C'est
un lieu de contact entre Orient et Occident.
Les musulmans
arrivés en Espagne sont en majorité issus de milieux agricoles par conséquent
les réformes visent l'agriculture et la mise en valeur des terres agricoles
accompagné d'un repeuplement des villages et des villes suivis par les
échanges commerciaux entre villes. Les andalous en précurseurs, font
de l'agriculture une science ce qui entraîne
une augmentation fulgurante des récoltes et l'amélioration de la qualité
des produits sur la base d'études des terres, l'adaptation des espèces
cultivées à celles-ci, l'utilisation d'engrais naturels efficaces, le
développement de l'irrigation par canaux, transformant les
terres andalouses.
L'Aquitaine,
région charnière et frontalière avec l'Espagne.
Plus que cela, elle eut des liens historiques avec les comtés
de Toulouse et de Rodez au Moyen-Age (elle les avait englobé
sous l'empire romain). Parmi les 9 peuples qui avaient constitué
l'Aquitaine (enfin la Novempopulanie, pour la partie qui nous intéresse),
les Boiates (ou Boii) étaient
localisés dans la région autour de l'actuel Pays de Buch
(dans le département de la Gironde). Il semblerait que leur élite
soit venue de Bohême où
la civilisation d'Unétice,
"axée" sur le cuivre,
avait vécu (voir lien vers fiche ci-dessous).
Le
comté de Rodez avait sa capitale dans l'actuel département
de l'Aveyron. Il fit parti du royame wisigoth, du duché d'Aquitaine.
Plus tard, le roi de France, Charles le Chauve, confirme les comtes
du Rouergue dans leurs possessions. Il y ajoute le comté de Toulouse,
détaché du comté d'Aquitaine. Au début du
XIIè s., Bérenger d'Aragon, qui est comte de Barcelone,
devient vicomte de Millau.

Carlat
et le Carladès: |
Cette
ancienne vicomté se situait au sud du futur département
du Cantal, entre Cantal et Aveyron, donc au nord du Comté
de Rodez. Vers la fin du XIIè s., une maison appartenait
à l'Ordre du Temple
(donc aux Templiers) dans l'enceinte du château sis à
Carlat. Ceci aurait donné naissance à la plus importante
commanderie de l'Ordre en Auvergne.
L'Ordre
des Templiers disparaissant avec Jacques de Molay, leurs biens
sont transférés aux Hospitaliers au XIVè
s. Il est alors possible (?) que les
Hospitaliers aient profité de la présence
de migrants (conditions ingrates pour les locaux) pour les"envoyer"
chercher du cuivre, métal dont ils usaient beaucoup dans
leur commanderie de Villedieu,
près de l'abbaye de Jumièges.
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Fiche:
|
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Abbayes:
Jumièges |
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LE COMTE DE TOULOUSE |
La Tolosa
romaine devient, au Vè s., la capitale du royaume wisigoth. Les
comtes qui la dirigèrent au Moyen-Age étendirent leur
influence (et leur domaine) sur une grande partie du sud de la "France".
:::::
LE COMTE DE BARCELONE |
Cet espace
géographique s'est, successivement, retrouvé dans l'empire
romain, puis le royaume wisigoth, le territoire arabe puis l'empire
carolingien (dans la Marche d'Espagne). Il était alors une province
frontalière, permettant de fructueux échanges entre arabes
et chrétiens. Iloccupait, au sein de la "Marche d'Espagne",
une place importante.
Ainsi,
de l'an 826 à 948, des comtes bénéficiaires se
succédèrent à la tête de ce comté.
Ils étaient bien souvent comte d'un territoire outre-Pyrénées
(Narbonne, Toulouse, Roussillon). Toutefois à partir de 948,
Borell II devient comte-roi de Barcelone (il est également comte
d'Urgell) et il n'est plus vassal du roi de France.
D'un point
de vu économique, Barcelone devient le centre d'un territoire
englobant la Catalogne, la confédération catalano-aragonaise
et des possessions maritimes. C'est l'une des principales puissances
méditérenéennes du XIIè au XVè s.
Puis, c'est le déclin jusqu'au XVIIè s., époque
à laquelle la reprise s'effectue avant l'industrialisation au
XIXè s. Elle se convertit alors en un important centre politique,
culturel et économique.
La
religion dont plusieurs éléments montrent des
liens entre Aurillac, l'Auvergne et l'Espagne:
- Le Comte
Géraud ( 845 (?) - 909 (?) ), fils de Gérald, hérite de
ses immenses domaines. Il construit une abbaye et la confie à des
religieux choisis pour leur science et leur piété. Pour la protéger
de toute ingérence, il la confie directement au Pape et au Roi. Le
Bon Comte parcourt la France méridionale, va plusieurs fois à Rome,
jouit d’une influence considérable. Géraud est un homme très influent
et de haute noblesse ; c’est un vassal royal que la royauté et les
princes ménagent.

- Le pèlerinage
à St Jacques de Compostelle, qui n'était
que local aux IXè et Xè s., gagne rapidement la Gaule.
Il devient (spirituellement) LE lieu à aller voir. De nombreux
pèlerins s'y rendent, mais où se loger et se nourrir
? Heureusement, la logistique suit: parmi les premiers à s'y établir,
les chanoines de Saint Géraud d'Aurillac ont bâti un hospice destiné
aux pèlerins, près du port de Valcarcél. Dès le X° siècle,
ils fondent en Espagne l’hospice du Mont Cebrero, à peu de distance
de Compostelle. A quelques dizaines de kilomètres de là,
se trouvaient les mines de cuivre de Las
Médulas (en Leon, juste au nord de l'actuelle frontière
avec le Portugal).
- Gerbert:
futur pape Sylvestre II, il étudia un moment au monastère
d'Aurillac. Repéré par Borell, comte de Barcelone (voir
ci-dessus), il le suit en Espagne pour parfaire son éducation.
Il étudie dans les abbayes catalanes de Vich, puis de Ripoll.
C'est d'ailleurs à Gerbert que l'on attribue d'avoir rapporté
d'Espagne les chiffres que l'on utilise encore (1, 2, 3, ...) au lieu
des anciens chiffres "romains" (I, II, III, ...).
- L'abbaye
de Cluny est fondée en 910 par Guillaume le Pieux, duc
d'Aquitaine et comte d'Auvergne. L'Auvergne est alors au "centre"
du royaume de France. Elle est sensée être vassale du
duc d'Aquitaine, lui-même vassal du roi de France. En fait,
elle s'est "détachée" de l'Aquitaine (très
puissant voisin) et joue des oppositions entre Capétiens, Aquitains
et Bourguignons. Géraud d'Aurillac profitait déjà
de cette position en mettant l'abbaye qu'il avait fondé sous
la protection du roi de France et du pape. Cette importance ne se
dément pas: l'abbé Eudes de Cluny aura pour coadjuteur
Arnoux d'Aurillac.
Les
Habsbourgs, dont la dynastie règna sur l'Espagne
(notament) de 1516, avec Charles Ier (le fameux Charles Quint ou Carlos
Quinto), à 1700, avec Charles II. Elle fait suite à l'unification
espagnole et recouvre le Siècle d'Or
(el sigle del oro) durant lequel
l'Espagne rapporte, massivement, des richesses d'Amérique du
Sud, qu'elle dépense (sans compter) dans des guerres avec les
Pays-Bas et la France, ce qu'il
lui fait perdre de l'influence (au moment où la dynastie entre
dans sa phase de déclin).
Cette époque
correspond aux généalogies dans lesquelles on peut voir
nos ancêtres cantalous travailler
comme migrants. L'activité économique, liée aux
richesses ramenées d'Amérique, permettait certainement
de créer un grand nombre d'emplois,
attirant nos cantalous.
Ceci constitue
donc différentes raisons qui ont fait que Cantal et Espagne n'ont
jamais été vraiment éloignés.
