Jusqu'au
XVIIè s., et depuis probablement le IIIè s., le christianisme
a marqué, dans le quotidien, la vie locale. C'est sa structuration
au cours des siècles suivants (jusqu'au XIè-XIIè
s.) qui va lui permettre d'accroître son pouvoir et son influence.
Par la mise en contact entre établissements religieux (monastères,
abbayes, prieurés) administrés, de près ou loin,
par des structures plus importantes.
Parmi celles-ci,
3 sont à citer par leur contact avec les établissements
religieux du canton (et les conséquences migratoires ?): il s'agit
de l'abbaye de Cluny en Saône et Loire, de celle de Saint Pierre
le Vif à Sens dans le département de l'Yonne et de l'abbaye
de Jumièges en Normandie.
!
A noter que seuls des épisodes
liés à l'histoire du canton et de la partie occidentale
du département sont rapportés.
Cluny
x - x
St Pierre le Vif x
- x Jumièges
Pour Cluny,
trois personnages sont à prendre en compte: Guillaume,
comte d'Auvergne (parmi ses autres titres) qui cède
des terres, Odon, second abbé
ayant eu la "direction" de Cluny, et Géraud
d'Aurillac (pour la partie qui nous concerne).
Commençons
par ce dernier: le Comte Géraud
(né vers 845- mort vers 909), fils de Gérald, hérite d'immenses
domaines. Il fait construire une abbaye
(dans ce qui deviendra Aurillac) et la confie à des religieux choisis
pour leur science et leur piété. Pour la protéger de toute ingérence,
il la confie directement au Pape et au Roi.
Puis il parcourt la France méridionale, va plusieurs fois à Rome, jouit
d’une influence considérable. Géraud est un
homme très influent et de haute noblesse: c’est un vassal royal
que la royauté et les princes ménagent. Des prieurés lointains dépendent
de Saint-Géraud d'Aurillac: Saint-Géraud de Saillans et Saint-Pierre
de Varen.
Revenons
au premier. Guillaume est comte d'Auvergne,
de Velay, de Mâcon, de Bourges et Duc d'Aquitaine. Le 11
septembre 910 (le 3 des ides de septembre sous le règne de Charles
le Simple), il fait don à
Rome (en fait aux apôtres Pierre et Paul qui, n'ayant pu se déplacer,
sont représentés par l'administration papale) de
sa villa de Cluni et toutes possessions attenantes:
villages et chapelles, serfs des deux sexes, vignes et champs, prés
et forêts, eaux courantes et fariniers, terres cultivées
et incultes". Le document est signé à Bourges, aux
assises. Quant à la gestion, c'est à Bernon, abbé de Baume
et de Gigny en Jura et co-signataire, d'y fonder un monastère. Bernon,
à son décès, ce sera Odon qui lui succèdera,
comme le stipule le testament. A lui la charge de plusieurs abbayes.

Sous l'abbatiat
d'Odon affluent les donations: en effet, il est apprécié
(il sera appelé plusieurs fois à Rome pour conseiller
le Pape). La primauté de Cluny s'affirme sur d'autres monastères et
d'innombrables prieurés dont celui de Saint Géraud d'Aurillac.
Dans l’Aurillacois
de l'époque romane, les possessions de l’abbaye de saint Géraud cohabitent
avec le Carladez, dont
le premier vicomte connu apparaît en 918. La plus grande partie de l’actuel
arrondissement d’Aurillac lui appartenait, de même que la haute vallée
de la Santoire, le mandement d’Escorailles
au Sud du Mauriacois, le mandement de Dienne. La promiscuité de la seigneurie
ecclésiastique d’Aurillac et du Carladez provoqua bien des conflits,
à Maurs et Montsalvy par exemple, car Aurillac possédait en Carladez
des prieurés et des territoires issus de saint Géraud, dans l’actuelle
Châtaigneraie.
A
propos de Guillaume, comte d'Auvergne, il est bon de resituer
le rôle de l'Auvergne dans le contexte de l'époque.
L'Auvergne est au centre du Royaume de France, sans être soumise
au pouvoir royal ou ducal. En théorie, elle est possession du
comte d'Auvergne, pays vassal du duc d'Aquitaine, lui-même vassal
du roi de France. En réalité, au Xe siècle,
elle s'est détachée de l'Aquitaine
et joue des oppositions entre Capétiens,
Aquitains et Bourguignons. Les grands d’Aquitaine tiennent
de plus en plus le devant de la scène. Enfin, pour l'anecdote,
Aurillac joue toujours un certain rôle (plus qu'un rôle
certain): l’abbé Eudes de Cluny a pour coadjuteur,
Arnoux d’Aurillac.
|
::::: Saint Pierre le Vif |
L'abbaye
est mentionnée à travers le fameux Polyptique de Mauriac
(ou Charte dite de Clovis), document dans lequel l'abbaye réaffirme
ses droits sur un territoire bien défini, dont fait parti le
canton. Plus de renseignements sur ce document sur le lien ci-dessous.
A
noter que cette abbaye dépendait elle-même de l'abbaye
de Cluny dans un premier temps.

A l’origine
fondée en 654 par Philibert, un
ancien noble de la cour du roi Dagobert, l’abbaye de Jumièges
prend de l’importance pour ensuite grandement souffrir des destructions
humaines. Ainsi, au IXe siècle, les Normands pillent le site et, comme
toute abbaye regroupant des richesses convoitées, il ne restera rien
des premiers édifices.
Le site
est laissé ensuite à l’abandon jusqu’au jour où, dit-on, le duc Guillaume
Longue Epée, tout en chassant, tombe sur deux ermites priant dans les
ruines. Mais la véritable renaissance de l’abbaye date du début du XIe
siècle : reconstruite, elle est
inaugurée en 1067 par l’archevêque de Rouen
en présence du roi Guillaume le bâtard, renommé en Guillaume
le Conquérant, après avoir soumis l’Angleterre la même année.
La Normandie
est alors un duché très riche attirant et intéressant.
Au XIIè
s., Henri Ier de Beauclerc, duc de Normandie et roi d'Angleterre, offre
un terrain aux Chevaliers de St Jean (les Hospitaliers). Ils s'installent
au lieu-dit Siennêtre (sur la paroisse de Saultchevreuil). Les
Hospitaliers sont experts de la forge et fabriquent leurs armes.
C'est la
première commanderie de langue française (plus populaire
que la latin usité par les nobles et religieux). Un hôpital
y est construit et l'emplacement est renommé en "villa
dei"qui évoluera en Villedieu.
Henri
Ier accorde de nombreux avantages aux Hospitaliers qui deviennent
"Ordre Souverain de Malte": |
-
exemptés d'impôts royaux
|
-
reçoivent l'autorisation,en 1147, de créer un marché
le mardi (privilèges confirmés par Philippe Auguste
en 1219).
|
Villa
dei dépendait directement de Rome (nullius diocesi),
ce qui lui permet d'échapper aux turbulences des guerres seigneuriales
et aux destructions de la guerre
de Cent Ans. Pour échapper aux turbulences des guerres
seigneuriales, Pleaux devra
attendre la Charte de Pariage en 1289.
La commanderie
est placée sur les routes
des grands pélerinages de St Jacques de Compostelle et
du Mont St Michel. Mais aussi au carrefour de 9 routes royales. La cité
devient vite prospère grâce aux
foires et aux marchés. Puis, l'installation de nombreux
poëlliers au début du XIVè s. donne le nom définitif
à la future cité: "Villedieu les poëlles".
D'autres corporations y seront attirées peu à peu (fondeurs,
graveurs, orfèvres, tanneurs), le cuivre
étant un (sinon "le" ?) dénominateur
commun à ces métiers.
Il est
à peu près certain qu'aucune mine de cuivre ne se soit
située dans les environs. Le minerai devait donc y être
importé par la route. Cette "route
du cuivre" venait d'Espagne et, vraissemblablement, de la Cornouaille
anglaise où le cuivre et l'étain étaient déjà
exploités depuis l'antiquité romaine. Une
bonne partie du cuivre utilisée par les fondeurs de
Villedieu semblait toutefois provenir de la récupération
d'objets par les marchands de passage.
La commanderie de Carlat
jouait-elle un rôle dans le cadre du commerce du cuivre ?
