NB:
les analyses et comparaisons ci-dessous portent sur les chiffres de
l'année 1852 sauf indication contraire.
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LES PRES ET LES CHAMPS |
Tout
d'abord, une comparaison entre le canton
de Pleaux et le département: étaient-ils
si mal lôtis dans le canton ?
Il semble
que non. Rappelons toutefois que le centre du département est
occupé par un volcan. Or le sol, lui, est morcellé en
"communes" et "cantons". Les cantons et communes
peuvent donc être plus ou moins bien situées pour les
cultures. Le canton de Pleaux semble donc ne pas avoir trop à
se plaindre, même si les graphes ne
rendent compte que de manière quantitative de l'occupation
du sol, et non qualitative.
Maintenant,
pour les différentes communes du canton (à l'exclusion
de Barriac et Pleaux dont les données me manquent):


Ce sont
les valeurs présentées à chaque commune, sur
les pages "géographie". On peut y comparer
facilement les données propres à chaque commune et entre
communes.
Plus
intéressant encore: regrouper les graphiques selon
les positions géographiques entre communes, c'est-à-dire
leur position dans le canton.
Ci-dessous, les proportions de l'occupation
des sols des différentes communes (les chiffres
pour Barriac et Pleaux
n'étant pas disponibles dans le Dictionnaire Statistique du
Cantal). Chaque graphique est associé à une commune:
le passage de la souris sur un graphe vous
donne le nom, et un clic vous envoie sur la page de la commune concernée.
Une analyse
rapide nous confirme que Tourniac
et Brageac au nord, St
Christophe les gorges et St
Martin Cantalès au sud, sont au
bord de gorges (respectivement de l'Auze
et de la Maronne),
d'où la plus forte proportion
de surfaces boisées et de bruyères que pour
les autres.
De plus,
Brageac, a tout de même un terrain relativement aplani mais
en légère pente vers le nord, d'où une plus faible
quantité d'énergie solaire arrivant et, peut-être,
une moyenne des températures plus faible que pour les autres
communes. Ainsi, les 50% péniblement dépassés
pour les prés et champs.


Maintenant,
des chiffres pour le département (année 1840) concernant
les différentes cultures:
- terres
et jardins, 170.020 ha
- seigle,
74.656 ha
- sarrasin,
7.611 ha
- pomme-de-terre,
5.469 ha
- froment,
4.992 ha
- avoine,
4.723 ha
- orge,
1.986 ha
- chanvre,
1.646 ha
- légumes
secs, 940 ha
- raves,
723 ha
- méteil,
490 ha
- colza
et navette, 50 ha
- maïs
et millet, 30 ha
- lin,
23 ha
- châtaigneraies,
14.426 ha
- vergers
(regroupés avec pépinières et oseraies),
2.878 ha
- vignes,
324 ha


Il n'y
avait pas, avant le remembrement, de grandes surfaces agricoles. Pas
plus que maintenant. Au cours de la Révolution, la vente des
biens de l'Eglise et des émigrés ne crée pas
beaucoup de nouveaux propriétaires. Ce sont surtout les riches
bourgeois qui en profitent, renforcant leurs domaines. Les
sans-terre étant nombreux dans certaines paroisses, l'émigration
y est plus forte. A Ally et Escorailles, on ne compte que 31 brassiers
sur 247 habitants (soit 12 %): la terre est peu divisée.
L'espace
est donc morcelé en petites parcelles.
Séparées par des murs de pierres sèches ramassées dans les prés et
les champs. En ce terrain, ce matériau ne manque pas et est gratuit.
Les enlever permet d'exploiter plus facilement.
Les murs
n'étant plus guère entretenus, ils s'éboulent. De temps en temps réparés.
On leur préfèrent les fils de fer barbelés qui, eux, ne réclament
aucun entretien. Tout juste remplacer les piquets pourris quand les
bêtes menacent de s'échapper ou l'ont déjà fait.
Des rases
zèbrent parfois les prés humides. Ces caniveaux creusés dans le sol
permettent l'écoulement de l'eau et le drainage du terrain.
Les champs
voient la culture du sarrasin et du seigle
essentiellement, ainsi que le blé
pour les céréales. Cela est réalisé selon
un assolement biennal (fromrnt ou seigle puis sarrasin). L'habitude
alimentaire est fortement ancrée: les bourriols et le pain
bis demandant la présence de blé noir.
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C'est
l'utilisation de l'araire qui
prédomine: la herse est inconnue ici. Un dernier labour superficiel
enfouit la semence. Les boeufs et même les vaches aident à
tirer l'araire.


Les jachères
sont nécessaires pour que le sol puisse reconstituer les réserves.
L'engrais est fait de cendres des essarts, c'est-à-dire de
l'écobuage. La
qualité de la terre est jugée de la manière suivante:
- excellente
quand elle produit une année sur 2
-
médiocre quand elle produit 2 récoltes de seigle
et 2 de blé noir tous les 5 ans
- mauvaise
quand elle produit 1 récolte de seigle et 1 de blé
noir tous les 6 ans
L'irrigation
est rare (sauf à St Christophe-Bas). La valeur des prés
est évaluée par le nombre de chars de foin. Une vache
produit environ 150 livres de fromage à 15 francs le quintal
usuel dans les estives. Et un veau de 6 mois rapporte de 8 à
10 francs à la vente en 1745.
Les chataignes
constituent une ressource appréciable à Brageac, mais
les récoltes sont jugées casuelles, car le climat est
rude. Chaque sétérée produit, en 1782, 12
cartes de chataignes à 10 sous la carte.
Il
y a environ trente à cinquante ans de cela, les
cultures de sarasin, d'avoine, de seigle et de froment avaient diminué.
En revanche, la culture de la pomme de terre était "bonne".
Actuellement, le maïs est
assez présent, en dépit d'étés de plus
en plus secs pour une plante exigeante en besoins hydriques.
Vers
1852, les populations pour le Cantal sont les suivantes:
- ovins,
332 127
- bovins,
environ 150 000 (dont 38 000 dans l'arrodissement de Mauriac,
dont dépend le canton de Pleaux)
- porcs,
44 896
- chèvres,
15 777
- chevaux,
11 532 répartis en
- 2049
chevaux
- 1322
poulains
- 8161
juments dont 6 500 en production, et seulement 673 couvertes
par le cheval. En effet, elles servent surtout à
l'obtention de mulets vendus en Espagne (la mention présente
sur les actes généalogiques "marchand
de chevaux" prêtant donc à confusion)
- mules
et mulets, 3170
- ânes,
2221
Pour
l'anecdote,
le Puy Violent, près de
Salers, n'a rien de "violent". Il s'agit d'une mauvaise
traduction de son nom occitan "Puech Violin", le
"Puy Bêlant", pour l'imager "couvert" de
moutons et de chèvres.
Les prés
accueillent les moutons, les vaches. Des races sont auvergnates, adaptées
au climat et à la nourriture, chiche. Les races Beauceronne
et Clarsy sont les races ovinnes
dominantes. La Salers, l'homologue
bovinne. Les épizooties
ne sont pas rares: de 1712 à 1750, puis 1762 et 1782 pour les
bovins. Les ovins ne sont pas en reste, avec les années 1709
à 1726.
