Dès que
l'homme a occupé la région, il s'est naturellement soucié de la proximité
de l'eau. Cette denrée n'étant pas rare, il a pu choisir
son emplacement. Un point dominant, un plateau,
une pente orientée sud donc plus chaude et peu exposée au vent du
nord. Ils ont du se regrouper pour former de petites communautés
à l'époque celtique.
Ayant
besoin de relier les différents points de son empire afin de mieux
le gérer et le contrôler, Rome développe
un réseau de voies de communication. Ces voies sont ponctuées,
de relais, d'auberges où l'on peut se reposer et changer
son cheval, mais aussi de villae.
Ces propriétés sont la preuve de l'autorité romaine, car elles créent,
vraisemblablement, une structure nouvelle, dont le mode de fonctionnement
survivra aux siècles.
Peu d'agglomérations
secondaires sont repérées dans l'état actuel
des connaissances. Toutes se sont développées à
l'époque romaine, le plus souvent dans une vallée, toujours
au bord d'un chemin pré-romain.
Dans
le nord-ouest du Cantal, aux fortes densités de peuplement
protohistorique a pu succéder la création d'un
réseau romain d'agglomérations secondaires dans la vallée
de la Sumène et à Mauriac.

Au cours
de la protohistoire, les plateaux
de Trizac et Collandres étaient, sans doute, très
peuplés. La fouille des 500
tumuli du plateau de Trizac suffirait à le démontrer.
Mais comment expliquer l'abscence de découvertes datées
entre le Hallstadt et les XII-XIIIè siècles, période
de l'occupation des pentes des vallées du Marilhou par les
villages de Freydefont et Cotteughe ?
Entre
la Tène et la fin de l'époque romaine, les fortes densités
de peuplement se localisent dans le bassin de la Sumène, non
loin de sa confluence avec la Dordogne. Aux sites défensifs
occupés au cours de périodes troublées (fin de
la Tène, haut Moyen-Age) s'oppose la création d'agglomérations
romaines en période de paix.
Ainsi,
les plateaux basaltiques locaux connaissent
un maximum d'occupation au Ier siècle av. J.C. ou à
la fin de l'Antiquité-haut Moyen-Age.
Les
sites défensifs sur les hauteurs sont donc recherchés
en période de troubles, et abandonnés dès retour
à la paix.

Les voies
d'Etat (les célèbres voies romaines) et les routes, mal empierrées,
développent et renforcent un réseau qui devait déjà exister mais à
une échelle moins impressionnante. La commune du Vigean est ainsi
traversée par une voie orientée nord-sud, d'une largeur de 6 m. Ses
traces commencent à Salins et se poursuivent jusqu'à la Charreyre.
Une autre se trouve entre Escorailles et Drignac. On a également retrouvé
des voies d'accès aux villae. Entre autre construction gallo-romaine,
il faut citer les restes d'un aqueduc en brique près de Neyrecombes.
Des fours à tuile ont été retrouvés, mais ce type de couverture est
très peu présent dans la région : ce mode de couverture était-il si
peu adapté à la région pour qu'il fût abandonné ou son coût
était-il trop important ?

Avec
le déclin de l'empire, les routes ne sont plus entretenues.
Les conditions d'accès, rendues plus difficiles par les dégradations
d'origine climatique, vont contribuer à maintenir l'Auvergne en dehors
du développement économique national.
Voie
de Salers à Pleaux: Iter quo itérer de castro Salerni us que
castrum Sancti Cristofori - Estrata Salernesa, 1464
(terrier de Saint Christophe) - Iter euns de Mauriaco apus
Salernum, 1473 (id de Mauriac) - Lestrade Salerneze,
1504 (id de la duchesse d’Auvergne) |
Il
faudra attendre le XVIII ème siècle pour l'amélioration des voies,
dont le tracé avait guère du changer depuis Rome : en 1737
est commencée la liaison Clermont-Aurillac via Mauriac et qui demandera
vingt ans. Le Second Empire et la Troisième République complètent
le réseau existant par des chemins départementaux. Malgré quelques
essais pour améliorer leur confort, le goudron n'arrivera qu'au XX
ème siècle : les ornières subsistent. Les virages aussi, on suit les
courbes de niveau. Peu à peu, on modifie les routes principales. On
ne contourne plus les buttes, on tranche dans le vif ! A croire que
les anciens cantonniers étaient payés au kilomètre comme disait mon
grand-père !

Les années
1870 à 1920, avec
l'arrivée du chemin de fer,
permettent de mieux ouvrir cette région.
Le département est quadrillé de voies. Beaucoup de villages sont reliés.
Paradoxalement, la construction de la retenue hydroélectrique de Bort-les-Orgues
achève littéralement le réseau ferroviaire en le coupant de la capitale.
La vallée étant noyée et les côtes trop raides, le chemin de fer s'arrête
dans tout le nord-ouest cantalien. En effet, chaque canton du Cantal
entre Bort et Aurillac situé sur cette voie possédait sa gare. C'est
grâce aux autoroutes qu'un désenclavement, tout relatif, reste possible.
Ce problème est toujours à l'ordre du jour même si les liaisons entre
les villes sont très bonnes : l'image du Massif reste.
La dispersion
de l'habitat d'alors doit ressembler à peu de choses près à ce qu'elle
est actuellement. Les villae mentionnées dans la charte dite
de Clovis sont peut-être celles qui existaient avant. De nouveaux
villages ont quand même été créés. Les conditions climatiques favorables
jusqu'au X ème siècle permettent de défricher de nouvelles terres.
Les épidémies et guerres qui suivront en dépeupleront d'autres, le
temps se chargeant d'en faire oublier jusqu'à leur emplacement.
Dans
une certaine mesure, l'emplacement d'un château ou d'un lieu de culte
a pu contribuer à faire déplacer des habitants, mais de manière peu
importante dans la distance : les lieux de culte et forteresses étant
assez rapprochés dans le canton de Pleaux.
