Le Petit
Age Glaciaire (PAG) est une période
de refroidissement allant approximativement de
1450 à 1880. Elle est marquée par une avancée
des glaciers dans les Alpes, en Alaska et en Nouvelle Zélande.
Elle
fait suite aux années clémentes
de 900 à 1200 en Europe qui correspondent à
l'optimum climatique médiéval.
A cette
période correspond la disparition de la culture du blé
en Norvège et des vignobles en Angleterre, l'évacuation
du Groenland par les Scandinaves qui s'y étaient installés
vers 900.
Le début
de cet âge est marqué par l'éruption
du Kuwae (îles du Vanuatu,
Nouvelles Hébrides) qui détruisit l'île et laissa une cuvette de 12
km sur 6 recouverte par 1.000 m d'eau. D'où une probable forte
émission dans l'atmosphère de ces aérosols (poussières
et cendres issus de la destruction de l'île) qui assombrirent
en partie le ciel.
Les années
1783 et 1784 seront, elles, marquées par les éruptions
conjointes de deux volcans: le Laki
en Islande en juillet 1783 et par le volcan japonais Asama
en 1784, tous deux dans l'hémisphère
nord.
Enfin,
en 1815, a lieu l'éruption
considérée, aujourd'hui, comme la plus importante des
temps historiques: il s'agit de celle du Tambora.
A titre de comparaison, l'éruption du Mont St Helens (état
de Washington, USA) en 1980, avait projeté environ 1 km3 de roche
(soit un volume de 1 km x 1km x 1km). Celle qui recouvrit Pompéi
et Herculanum en août 79 ap. J.C., projeta environ 10 km3. Mais
on estime que celle du Tambora, qui fit plus
de 50.000 morts, projeta environ 100 km3 de roches et poussières
dans l'atmosphère. En certains endroits du globe,
on nota une baisse de 3°C de la moyenne des températures.
L'année suivante, 1816, est
qualifiée d'année "sans
été" en Europe et en Amérique du Nord.
Les mauvaises récoltes, résultant des intempéries
et du froid anormal, seront à l'origine de nombreuses victimes
par famine.
Pour l'anecdote,
un couple, passant des vacances dans le chalet de lord Byron en Suisse,
ne pouvait faire plus que regarder le mauvais temps par la fenêtre.
Le feu dans la cheminée les réchauffant, mais le temps,
si maussade, les comblait d'ennui. Le trio s'amusa à écrire
des histoires de fantomes. La femme eut alors l'idée d'écrire
l'histoire d'un personnage qui n'aurait vécu que "cloîtré",
et plus mort que vivant. Il s'agissait de "Frankenstein".
La femme, auteur de ce livre à succès, était Mary
Shelley.
On observe
en Europe des couchers de soleils prolongés et brillamment colorés (cela
est du à la présence d'aérosols en grande quantité
dans l'atmosphère, ce qui modifie la réflexion et la réfraction
des rayons lumineux émis par le soleil - voir page sur le lien
ci-dessous). Ils sont si peu fréquents qu'un peintre anglais,
Turner, les immortalise sur ses
toiles. Les aspects du ciel le marqueront durablement. Près de
soixante ans plus tard, un peintre français visitant Londres,
voit ces peintures. Il est très intéressé par les
jeux de lumière: il s'appelle Claude
MONET, et exposera en 1874 Impression,
soleil levant, toile qui sera à la "base"
du mouvement impressionniste.


Quelles
sont les conséquences de ce refroidissement ? Le ralentissement
de la croissance de la végétation, ainsi que la diminution
de la productivité photosynthétique. Les plantes recevant
moins de lumière et de châleur, leur métabolisme
en est ralenti. Les précipitations fréquentes engorgent
le sol, les racines pourissent. Les récoltes
sont donc atteintes. Il s'ensuit
une augmentation des prix, les céréales
notamment, se faisant plus "rares".
La phase
la plus froide aurait été atteinte entre 1550-1580 et
1700 pour le froid, la neige et la glace. Mais il reste difficile de
donner des années précises de début et de fin.
N'oublions pas qu'il s'agit de variations naturelles, et qu'il n'y a
pas eu un brusque refroidissement de plusieurs degrés suivvi
d'un réchauffement important à la fin.
Prenons
un exemple: le Printemps. Il est marqué, à ses débuts
par une moyenne de températures plus fraiches qu'à sa
fin, au voisinage de l'été. Cependant, cela n'empêche
pas d'avoir des journées avec près de 20°C en mars,
et des gelées dites "tardives" en juin.
On manque
de données sur cette période. C'est grâce à
la dendrochronologie, la
palynologie et à la variation
du rapport des isotopes de l'Oxygène dans la glace. En
France, on estime la diminution de la moyenne annuelle des températures
d'environ 1°C. Mais elle a pu atteindre jusqu'à 3 à
4°C de moins en Hollande. Il
existe des témoignages qui nous indiquent que l'on pouvai "traverser
la Seine gelée avec des chariots chargés",ou
"que la glace se formait en 1709-1710 en mer du Nord".

A
quoi correspond cette période ? A l'une des nombreuses
variation qui se réalise
depuis la fin des dernières glaciations. Il faut relativiser
cette baisse. Très difficile à vivre à l'époque,
certes. Mais la température avait été beaucoup
plus froide pendant les glaciations
(Würm, Ritz, ...).
Ainsi,
l'accumulation de neige donne de
la glace puis des glaciers. Ceux-ci,
par accumulation de neige, s'étendent. D'où vient l'eau
qui fournit cette glace ? De la mer par évaporation puis précipitations
sur les continents où elle gèle (neige puis glace).
L'eau vient
de mer, arrive sur les glaciers mais sa fonte est beaucoup moins importante.
Il en résulte une chose qui peut paraître inconcevable,
mais naturelle et logique: le niveau des mers
et des océans baisse. De
combien ? D'environ 100 mètres au-dessous du niveau actuel (lors
des glaciations importantes).
Le niveau
marin remonte ensuite lentement, du fait du réchauffement. D'où
le fait de trouver des grottes avec des peintures pariétales
exécutées par l'homme il y a environ 20.000 ans dont l'entrée
est immergées (grotte Cosquer
près de Cassis, dont l'entrée est à près
de 40 m de profondeur). L a variation niveau marin est l'eustatisme.
Revenons
au Petit Age Glaciaire: Bruegel l'Ancien,
peintre flammand, s'inspire au XVIè siècle des saisons.
Un de ses sujets favori était de représenter la vie des
gens. Ses "tableaux des mois" expriment les liens unissant
l'homme et la nature.
Malgré
les conditions climatiques, ou alors à cause, on assiste à
la migration des personnes durant cette période.
Certains vont vers le nord de la France, la Hollande. Pourquoi ? Peut-être
se rabat-on sur le commerce faute
d'une agriculture plus "sûre" ? De plus, dans la mesure
où les scandinaves, eux, ne peuvent plus cultiver de manière
satisfaisante leurs sols, et donc, peut-être, de s'autosuffire,
on fait du commerce. Les besoins sont-ils accentués ? Cela a-t-il
entraîné une "création" ou une amplification
de la voie commerciale avec l'Europe du Nord ?
